FORCE PATHETIQUE ET FARCE ATHLETIQUE
Par Marc VOUILLOT (29 décembre 2009)
Il semble que la force se soit engagée dans une voie sans issue en laissant entrer les marchands du temple.
Le ridicule est depuis longtemps atteint. Comme malheureusement il ne tue pas, on assiste depuis quelques années à la montée en puissance d’un matériel vestimentaire de plus en plus proche de l’armure de « Robocop » permettant à un grand nombre d’athlètes de se donner l’illusion d’être fort.
Notre discipline est la seule, à ma connaissance, à posséder et légitimer le port d’un matériel clownesque, sous couvert de sécurité et d’intégrité physique.
Si nous prenons comme exemple l’athlétisme qui reste le sport de référence en matière de performance athlétique :
- un perchiste dispose t-il d’un maillot lui permettant de sauter plus haut,
- un sprinter d’un short « spécial » ou de chaussures avec ressorts lui assurant une vitesse supérieure,
- un lanceur de coudières améliorant la distance parcourue par l’engin ?
Non ! Car nous sommes à n’en pas douter en présence d’athlètes.
Les charges actuellement soulevées en « farce athlétique » ne veulent plus rien dire et surtout ne sont absolument pas le reflet d’une supposée qualité physique : la Force, au nom de laquelle tous les abus ont été commis. On entend parler de barre à plus de 400 kg au développé couché, de charges soulevées en squat pour lesquelles on se demande si l’aide d’un Fenwick ou d’un cric n’a pas été autorisée.
Il y a quelques années, pour envisager la réalisation d’une barre à 180 kg au développé couché, on était dans l’obligation de réussir au moins 5 répétitions à 160 kg. Aujourd’hui, une barre à 100 kg sans matériel est amplement suffisante pour envisager une fois rentré dans un maillot, après moult contorsions, la même barre maxi. Il en est de même pour le squat bien évidemment.
Quelles réflexions peuvent alors nous inspirer les performances réalisées par :
- Don REINHOUDT, 400kg au squat sans matériel ;
- Bill KAZMAIER, 300kg au développé couché sans maillot dans les années 70 ;
- Mike BRIDGES, 250kg au développé couché sans maillot et en – de 82,5kg dans les années 80.
La première réflexion, c’est qu’en 40 ans la force n’a pas humainement progressé ;
La deuxième, c’est que la progression étonnante des performances n’est en fait due qu’à la technologie derrière laquelle nous nous cachons ;
La troisième, c’est que nous ne sommes pas dignes de notre histoire et de nos prédécesseurs.
Notre discipline a au fil du temps oublié l’essentiel, la lutte (la vraie) de l’homme avec ses propres moyens contre l’adversité. N’est-ce pas le reflet de notre société qui sans cesse se cache la dure réalité des choses pour ne s’attacher qu’aux futilités ?
En natation, après un moment de grand flou artistique, les combinaisons en polyuréthane ont été supprimées. L’idée première derrière cette décision de la F.I.N.A, c’est que les athlètes doivent se mesurer à eux-mêmes ou à d’autres athlètes et non pas que des manufacturiers s’affrontent à coup de « gros sous » sur le dos des athlètes !
Il faut se rendre à l’évidence, dans la famille des poids et haltères, les seuls actuellement garants de la pérennité de la force musculaire (qualité noble s’il en est), et qui ne s’en sont jamais écartés, sont les haltérophiles.
Rendons leur pour cela un vibrant hommage en redonnant une certaine crédibilité à notre discipline, afin qu’il ne s’agisse plus de farce, mais bien de FORCEATHLETIQUE, sans tricherie vestimentaire et en réalisant à nouveau des performances de valeur.
Ne confondons nous pas le matériel qu'utilise un athlète pour pratiquer sa discipline et le matériel « habit vestimentaire ».
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